Eglise San Mamilianu - 15 septembre
Présent partout entre l'archipel toscan et le continent, le culte de Saint Mamillien a des origines incertaines mais l'hypothèse la plus vraisemblable réside dans la personnalité d'un évêque martyr qui a fui Palerme suite à l'invasion de la Sicile par une partie des Vandales de Genserico ou parce qu'il a été persécuté par le préfet Aurélien qui l'a accusé de convertir sa fille Ninfa au christianisme.
Après son exil de Tunisie, le Saint débarqua en Sardaigne du sud, mais faute de trouver un endroit convenable pour sa retraite spirituelle, c'est sur l'île de Tavolara qu'il s'établit. Puis, il s'installa à Monte Giove, une île déserte aujourd'hui appelée Montecristo. La légende raconte le combat courageux mené par Saint Mamilien contre le gardien de l'île, un terrible dragon ailé dont le lieu du décès donna naissance à une source d'eau pure.
Ces élément, plus symboliques qu' historiques, font probablement référence à l'existence sur l'île d'un lieu sacré dédié à Jupiter qui prit la nouvelle forme religieuse du christianisme.
Saint Mamilien s'établit à Montecristo, où il a vécu dans une petite grotte qui est encore appelée la Sainte Grotte, jusqu'à sa mort le 19 Octobre 460. Le signe de sa mort fut annoncé à toutes les îles à travers la matérialisation d'une énorme colonne de fumée blanche .
Selon la légende populaire, de tous les endroits où l'on pouvait voir cette fumée, de nombreux bateaux chargés de fidèles se dirigèrent vers Montecristo, avec l'intention avouée de s'emparer des reliques du saint qui semblent pourtant être restées sur l'île jusqu'en 1098, Par la volonté du Pape Urbain II elles furent transportées à l'église Santa Maria in Monticelli de Rome, où une pierre gravée rappelle un transfert ultérieur dans la cathédrale de Palerme selon la volonté du Pape Alexandre VII (12 octobre 1658).
Une autre version raconte que les restes de San Mamiliano ont été transportés sur l'île de Giglio, et plus tard, à Civitavecchia avec ceux des autres moines. En 1111, un prêtre florentin a essayé de les transférer à Florence mais en remontant l'Arno, le bateau qui transportaitl les reliques a été immobilisé devant l'église de San Matteo à Pise. Ce prodige a été interprété comme la volonté posthume de San Mamiliano de voir ses restes conservés dans cette église.
Au fil des ans, des reliques de Saint-Mamiliano ont été réparties entre l'église qui lui est dédiée à Campo nell'Elba, l'île de Giglio et la cathédrale de Sovana, ville située au sud de la Toscane. Sur l'île de Montecristo, un monastère dédié au Sauveur a été construit au sixième siècle avant d'être consacré à Saint Mamilien.
Le monastère était composé de l'église, recouverte d'une voûte en berceau et longue d'environ 20 mètres, de la sacristie, d'une grande salle de réunions, d'un cloître avec un réservoir central et les salles réservées aux moines. À proximité il y avait un petit jardin potager, où les moines cultivaient les plantes utiles pour leur subsistance et le traitement des maladies.
Il semble que, en 1613, l'île de Montecristo ait fait l'objet d'une vaine chasse au trésor dont le mythe s'est perpétué au fil des siècles et a été célébré par des fantasmes littéraires romanciers;
Le plus ancien document dans lequel il est fait référence aux possessions de l'abbaye de Monte Cristo est une bulle du Pape Gelasio II, en date du 1er Octobre 1118. C'est de cette époque que date la construction de la plupart des églises et abbayes consacrées à Saint Mamilien et réparties entre la Sicile, la Sardaigne, la Corse, la Toscane, l'Ombrie et leLatium.
En Sardaigne, on trouve deux églises, l'une à Samassi (Medio Campidano), connue sous le nom de Sancti Mamiliani Simassi en 1118, appartenant au monastère de Monte-Cristo, et une autre datant de 1260 et contenant deux absides à Sestu (Cagliari), aujourd'hui appelé San Gemiliano.
En Corse, on retrouve la petite église de Saint Jean à Moriani. Les autres édifices dédiés se trouvent sur la Punta di Caldane (bâtiment mentionné en 1769), à Capo ai Santi (structure du Xe siècle), à Monacia d'Orezza (église mentionnée en 1589) à Taglio Isolaccia (ruines des IX et Xème siècles), à Piedicorte, Pietra di Verde et Scolca.
La situation géographique qui unit ces églises est extraordinaire car elles sont situées exclusivement dans la partie nord-est de l'île, à savoir en face de l'abbaye de Monte-Cristo.
Extraits de "L'isola d'Elba e il culto di San Mamiliano"
par Gloria Peria et Silvestre Ferruzzi
L'église Saint Mamilien (San Mamilianu) est l'église paroissiale de Scolca qui compte trois autres édifices religieux : la chapelle Saint Sébastien (San Bastianu) située au coeur du village, la chapelle Saint Roch (San Roccu) sur la place éponyme du hameau d'Erbaggio et la chapelle Saint Simon (San Simone) qui ne présente plus que des ruines sur les hauteurs du village.
Tous les ans, le 15 septembre la population du village se regroupe dans cette église pour une messe suivie d'une procession et d'un hommage aux morts.
L'église est de style baroque et date du XVIème siècle. Elle a été restaurée entre 1999 et 2005, les dépenses ayant été couvertes par une souscription auprès des habitants et une subvention ministérielle.
Son clocher présente la particularité d'être isolé de l'enceinte de l'église elle-même sans doute à cause de l'instabilité du terrain. Jusqu'à une date récente on pouvait encore lire sur son fronton la date de 1890 aujourd'hui disparue mais encore partiellement visible en l'an 2000. La cloche principale (le bourdon) a été coulée après une première vaine tentative sur la Piazza U Notariu avant d'être installée à sa place actuelle. Si le fondeur venait d'Italie, en revanche le joug de la cloche a été fabriqué par un enfant du pays, Joseph Vignoli dit Furcone, forgeron de son état.
Statue de Saint Mamilien sur son dais de procession
A la lecture de l'inventaire de 1905 initié dans le cadre de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, l'abbé Acquaviva déclare qu'en 1861, lorsque M. l’abbé Mariani fut nommé desservant de Scolca, l’église paroissiale était interdite parce qu’elle menaçait ruine. M. l’abbé Mariani en entreprit son agrandissement et sa reconstruction. Il l’agrandit d’un tiers, fit faire le pavé, toute la voûte et toute la charpente ainsi que le maître autel et la balustrade en marbre.
Le tout fut fait avec les offrandes des habitants, avec leur main d’œuvre et avec l’argent de la Fabrique ; particulièrement avec l’argent de diverses coupes faites dans la forêt de Malanotte appartenant à la Fabrique.
Cependant, le mur sud de l'église actuelle, dans la partie agrandie, porte une pierre gravée où l'on peut lire distinctement la date 1844. Cette pierre gravée accrédite le fait qu'une construction existait à cet endroit avant 1861 et l'histoire orale qui raconte que le clocher était prévu à cet endroit avant que cette initiative soit abandonnée à cause de la nature du sous-sol.