Cervone Torrenti 1820 - 1870
Cervoni Torrenti (1820 -1870) est un poête, auteur d'une oeuvre en deux chants écrite en langue corse et en 1840 intitulée ORNITOMACCHIA. Il avait alors à peine vingt ans.
Cette oeuvre préfacée par Mattei Torre de Volpajola a été éditée en 1924 par l'imprimerie de La Muvra à Ajaccio. Elle relate, dans un style héroico-comique un incident digne de Clochemerle entre les villages de Volpajola et de Scolca. Cet incident a eu lieu lors des célébrations des traditions du Vendredi Saint où les processions issues de Volpajola et de Scolca se rencontrent.
Vous trouverez ci-dessous la préface et la postace signées par Mattei Torre et le texte intégral du poème en cliquant sur son titre.
Quant au texte lui-même, un certain nombre de protagonistes sont cités par l'auteur. Une recherche dans l'état civil de l'époque permet de les identifier avec plus ou moins de certitude.
CINESCHI Bernardo
° 08/10/1772 - † 15/04/1844
FRANCESCHI Adamo
° 25/10/1791 - † 06/01/1844
CASANOVA Agostino
° vers 1759 - † 31/01/1848
ANTONIOTTI Orso Giovanni
° 27/09/1774 - † inconnu
ACQUATELLA Pierre Jean
Curé entre 1840 et 1852
GIORGINI Giulio
° vers 1775 - † 01/12/1843
PERFETTI Gregorio
° 26/10/1819 - † 06/03/1861
CINESCHI Micaello
°vers 1761 - † 20/01/1847
BONETTI Martin
2 personnes correspondent à ce nom
° 30/11/1808 - † inconnu
° 20/01/1820 - † 27/10/1856
BADANELLI Pancrazio
2 personnes correspondent à ce nom
° 09/04/1803 - † 10/04/1869
° 11/02/1788 - † inconnu
XXX Bastiano
1 personne correspond à ce prénom
CASANOVA Bastiano
° 11/08/1808 - † inconnu
XXX Giovan Felice
1 personne correspond à ce prénom
BONETTI Giovan Felice
° 22/11/1821 - † inconnu
XXX Giovan Santo
3 personnes correspondent à ce prénom
CAMPOCASSI Giovan Santo
° 20/02/1808 - † inconnu
LUCCHERINI Giovan Santo
° 28/02/1826 - † inconnu
BONETTI Jean Toussaint
° vers 1801 - † 14/12/1849
XXX Pietro Antone
2 personnes correspondent à ce prénom
CRISTOFARI Pietro Antonio
° 20/07/1811 - † 17/10/1866
FRANCHI Pietro Antonio
° 30/03/1778 - † 06/08/1853
XXX Francesco Giovanni
1 personne correspond à ce prénom :
FRANCHI Francesco Giovan
° 20/01/1819 - † inconnu
XXX Giovan Carlo
1 personne correspond à ce prénom
CINESCHI Giovan Carlo
° 20/06/1812 - † 02/11/1849
D'autres sont cités par leurs noms, prénoms ou titre mais n'ont pas été identifiés dans l'état-civil : Ors'Antone (vice prieur),Tittin, Pietro Norchia, SanSone, Franchi (sergent), Casanova (sergent),Pompeani (caporal), Orsone (soldat), Griscione, Agostino, Tratrone, Marchetto, Pietro Domenico, Ninnone, Badanelli (sergent), Anton Domenico, Vittore, Battista Pompeani, Nicola Pompeani, Daria Maria, Maestro Pierin, Maestro Salvadore, Simonetti, Berthiez, Francesco di Pierino
POEMETTU EROI COMICO Cumpostu in 1840
Aiacciu, stemparia di A Muvra 1924
Un si sà duv'è natu stu pueta, perché u vabu, genderme, era sempre, ora gui, ora custi secondu i capricci di l’amministrazione. Ma su fattu un n’ha impurtanza. Cio chi ci preme, ghiè u so amore di u paese adottivu, ch'ellu ha sempre tenutu assai (ghiera un pocu di a Custera per bia di a so mamma nativa di Lentu.) Vulpaiola po dunque esse cunsiderata cume a so patria, perché l' ha amata, c'u core d'un figliolu. In ogn'unu d'i so cumpunimenti truverete traccia di s amore. Ancu puru in n'e so lettara, dopu chéll'averà lasciatu per sempre a Corsica, si trova un ugnucula di tennerezza per su paese.
Chi tutti l’amanti, di a dolce lingua di u Si li rendinu grazia d'avè impara tu sa lingua, e d'avè nutrittu a so giuventu, di latte virgilianu, ci hannu guadantu st'opara, tutta piena di sapore, di sale atticcu e di tennerezza malgradu tutta malizia spruvista di gattivezza chi ci si trova. Credu, o amanti di Crusca, chi ho vi n’addilettarete, cun stu puemettu, e in su casu fate un votu pè a prusperità di A Muvra, ch è nasi fine, cum’e ho videte, e chi parla talianu quandu li pare.
Mi scurdava all'appuntu di di, chi per mancanza di mezzi, Cervone fu custrettu a lacà corre i studj superiori, e a piglià a mudesta prufessione di stitutore. Ma la so natura,un n'era fatta per su mistieru, a u quale ripugnava. A so fantasia puetica li cunsigliava l'erte pocu faticosa di l'osservazione. E cusi a la manera di Socrate, sperghia in ne piezze o a li fuconi idee savurite e piene di malizia fanciulesca (era un giuvenottu). Stu farniente ci ha balutu ste satare.
Ma la puesia un n'empie panza. Cervone si n'abide chun avia mai pensatu, e circo un guadagna pane. L'isula sfurnata e misera un li ne pobe dà. Fu allora custrettu d'ingagiassi, e di lascià i rughioni di a Custera, in duv’ellu un avia più da ghiungne…
O Francia, perché un faci d'i to fliglioli corsi ma che sullati, duganeri o guerdia prigio !
Mattei Torre. Volpajola, u 12 aprile 1924.
Nul ne sait où est né ce poète parce que son père, gendarme, était ici ou là suivant les caprices de l'administration. Mais ce fait n'a pas d'importance.
Ce qui prime, c'est son amour pour son village adoptif qu'il a toujours beaucoup aimé (il était un peu de la Custera par le biais de sa mère qui était native de Lento). Volpajola peut donc être considéré comme sa patrie parce qu'il l'a aimé avec le coeur d'un fils. Vous trouverez la trace de cet amour dans chacune de ses créations. Et même dans ses lettres, après qu'il eut quitté pour toujours la Corse, on retrouve une once de tendresse pour son village.
Que tous les amoureux de la douce langue lui rendent grâce de l'avoir apprise et d'avoir nourri sa jeunesse de lait virgilien ; ils y ont gagné cette oeuvre pleine de saveur, de sel antique et de tendresse malgré toute la malice parsemée de méchanceté qui s'y trouve. Je crois, ô amoureux de Crusca (1), que je vous ravirai, avec ce poème, et dans ce cas je ferai vœu pour la prospérité de A Muvra (2), qui est perspicace, comme vous le voyez et qui parle italien quand cela lui plaît.
J'oubliais de dire que, faute de moyens, Cervone fut contraint d'anadonnet ses études supérieures et d'exercer la modeste profession d'instituteur. Mais son caractère n'était pas fait pour ce métier auquel il répugnait.
Sa fantaisie poétique l'inclinait à l'art peu fatigant de l'observation. Ainsi, à la manière de Socrate, il dans les places publiques et autour des fugone ses idées savoureuses et pleines de malice enfantine (c'était un jeune homme).Cette oisiveté nous a valu cette satire.
Mais la poésie ne nourrit pas son homme. Cervone s'aperçut qu'il n'y avait jamais pensé et il dut chercher un gange-pain. L'île, pauvre et misérable, ne put lui en donner un. Il fut alors contraint de s'engager et d'abandonner ses racines de la Custera où il ne put jamais retourner...
O France, pourquoi permets-tu à tes enfants corses de n'être que soldats, douaniers ou gardiens de prison !
Mattei Torre, Volpajola le 12 avril 1924
(1). L'Accademia della Crusca est une société savante de type académique qui rassemble des savants et des experts dans les domaines de la linguistique et de la philologie italiennes.
(2). A Muvra : bulletin régionaliste de l'île de Corse ["puis" ghiurnale di e pieve di Corsica "puis" giurnale di e pieve di Corsica] dir. Pierre Rocca
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Un n'avemmu mica publicatu stu puema d appressu u manuscrittu originale di l'autore, ma d'appressu una copia assai infedele e piena d'errori copia fatta seconda a tradizione orale ch'i vulpaiulesi cunservanu in li so cerbelli vivaci.
Ci scusinu dunque i lettori di l'errori, ch'avemu pussutu dimenticà, o chi c'è statu impussibile di currege. E currezioni ch'avemu pussutu fà, so state fatte secondu cio chi ci dittava un bon sensu, un pareranu purtantu mica sempre ben benute.
Ci scusemu dinu di l'errori veniali duvuti a la tipografia, tali che a mancanza d'un e d'un po d'altre sillabe, in duve ci ne vulia duie; e ancu di e virgule o d'i punti ch'un so mica sempre ben messi o chi... mancanu.
Ghiera u nostru duvere di prevene u lettore da ch'ell'un avessi da esse scuncertatu da tutte ste cusarelle, e ch'ell'un vessi da accussci l'autore di mal cuniscenza di a lingua.
M. T.
Nous n'avons pas publié ce poème d'après le manuscrit original de l'auteur mais d'après une copie assez infidèle et pleine d'erreurs, copie faite d'après la tradition orale que les volpajolais conservent dans leurs esprits vivaces.
Les lecteurs nous excuserons donc des erreurs que nous n'avons pu oubliées ou qui ont été impossibles à corriger. Les corrections que nous avons pu apporter ont été faites dictées par le bon sens mais ne paraissent pourtant pas toutes les bienvenues.
Nous nous excusons aussi des erreurs vénielles dues à la typographie, telles que l'absence d'un e ou de quelsques syllabes, là où deux auraiente été nécessaires ; et aussi de virgules et de points qui ne sont pas bien positionnés ou... manquants.
Il était de notre devoir de prévenir le lecteur afin qu'il ne soit pas dérouté par toutes ces choses et qu'il accuse l'auteur de méconnaissance de la langue.
M. T.